Le constat est douloureux. Plus de six mois après que le gouvernement américain a décidé de suspendre son financement de l’aide internationale, des centaines de centres de santé et de nutrition en Somalie ont été fermés faute de soutien financier.
Plus précisément, ce sont huit hôpitaux, 40 établissements de soins de santé primaires, 16 équipes mobiles et plus de 300 centres nutritionnels gérés par des ONG partenaires des agences des Nations Unies qui ont temporairement suspendu leurs services dans 21 districts répartis dans neuf régions de la Somalie. a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
« Depuis le début de l’année, la réduction des financements a sérieusement limité les programmes de santé et de nutrition en Somalie », a indiqué l’OCHA dans son dernier rapport de situation, relevant que « ces baisses constituent une menace importante pour un système de santé déjà fragile » dans ce pays de la Corne de l’Afrique.
Selon les agences onusiennes, l’impact risque de s’aggraver, car de nombreux projets de santé doivent prendre fin d’ici décembre 2025 si de nouveaux financements ne sont pas obtenus.
Ces réductions ont touché des établissements de santé essentiels tels que la maternité de Jowhar dans le Middle Shabelle, l’hôpital du district de Rabdhure dans le Bakool et le centre de santé de Ceel-Waaq dans le Gedo.
Privés de vaccination
Or ces établissements sont « vitaux » pour des milliers de personnes et leur fermeture signifierait que près de 8.000 personnes perdraient leur accès aux soins de santé, ce qui pourrait entraîner « une hausse de la mortalité maternelle et infantile, des cas de malnutrition aiguë et de choléra, ainsi que des décès évitables ».
En outre, la baisse de la capacité des cliniques mobiles qui desservaient auparavant les communautés isolées et déplacées a privé plus de 350.000 personnes de l’accès à des services essentiels tels que la vaccination, la lutte contre les épidémies, la prévention des maladies et les soins de santé primaires.
Cette situation préoccupante intervient alors que la Somalie est confrontée à une crise nutritionnelle qui s’aggrave rapidement, les taux de malnutrition aiguë grimpant en flèche dans un contexte de forte réduction du nombre de sites nutritionnels opérationnels.
À la mi-2025, le manque de financement, largement dû à la suspension de l’aide financière américaine, a contraint à la fermeture de plus de 300 centres nutritionnels. Cela a contribué à une réduction d’environ un quart des traitements contre la malnutrition aiguë sévère, de 60 % du programme d’alimentation thérapeutique complémentaire.
Enfants souffrant de malnutrition aiguë
Plus largement, les agences humanitaires craignent que, sans financement supplémentaire, environ 11.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë risquent de ne pas recevoir de traitement. La hausse de la charge de morbidité, notamment due à la diarrhée, à la pneumonie, etc., aggravera encore la malnutrition.
En mai dernier, les admissions dans le programme thérapeutique ambulatoire ont atteint un pic de 40.000, soulignant la détérioration de l’état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans dans toute la Somalie.
Dans le même temps, les stocks actuels de fournitures thérapeutiques essentielles, notamment les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, les aliments complémentaires prêts à l’emploi et le lait thérapeutique, ne devraient durer que jusqu’en novembre 2025.
Selon l’OCHA, 23 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour éviter toute interruption des services.
Des millions de personnes dans le besoin
L’impact des coupes budgétaires américaines sur des programmes de santé et de nutrition intervient alors qu’une grave sécheresse sévit actuellement dans le nord de la Somalie, touchant environ 2,5 millions de personnes dans 26 districts classés comme modérément ou gravement touchés. Parmi celles-ci, près de 890.000 personnes dans 16 districts vivent dans des zones confrontées aux conditions les plus difficiles.
Cinq des 26 districts, dont Zeylac, Lughaye, Bossaso, Gaalkacyo et Hobyo, figurent sur la liste des districts qui ont récemment été redéfinis comme prioritaires pour l’aide humanitaire vitale par l’équipe humanitaire nationale.
En réponse à la baisse significative des contributions des donateurs, les agences humanitaires en Somalie ont d’ailleurs révisé le plan d’intervention 2025. La stratégie actualisée vise désormais 1,3 million de personnes, soit une baisse de trois quarts par rapport à l’objectif initial de 4,6 millions.
« Cette redéfinition des priorités ne reflète pas une diminution des besoins humanitaires dans le pays », précise toutefois l’OCHA. En conséquence, les besoins financiers ont été ajustés à 367 millions de dollars, soit une baisse de 75 % par rapport à l’appel initial de 1,4 milliard de dollars. Mais ce plan de réponse révisé n’a été financé qu’à hauteur de 16 %, ce qui souligne, selon l’ONU, le besoin critique d’un soutien accru des donateurs pour relever les défis humanitaires urgents de ce pays de la Corne de l’Afrique.
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