Les chefs d’État et de gouvernement africains ont réuni aujourd’hui les dirigeants mondiaux lors d’un événement de haut niveau en marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies, afin de tirer la sonnette d’alarme face à l’escalade des menaces qui pèsent sur la sécurité sanitaire mondiale.
Organisé sous le thème « Unis pour la sécurité sanitaire mondiale », cet événement conjoint a réuni le Réseau mondial des dirigeants pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents, présidé par S.E. le Président Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud, et l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA), présidée par le Président-Avocat Duma Gideon Boko du Botswana. Les discussions ont été modérées par la Très Honorable Helen Clark, présidente du Partenariat pour la santé maternelle, néonatale et infantile et ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande.
Face à l’inquiétude croissante au regard de la stagnation des progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable en matière de santé, les dirigeants ont appelé à des engagements financiers urgents, à des partenariats plus solides ainsi qu’à une action audacieuse et concertée afin de protéger les groupes plus vulnérables dans le monde, notamment les femmes, les enfants et les adolescents, contre des maladies évitables comme le paludisme.
« La lutte contre le paludisme devient de plus en plus complexe », a déclaré le Président-Avocat Duma Gideon Boko. « La réduction des budgets, la résistance biologique croissante, les crises humanitaires et l’impact du changement climatique contribuent à créer une convergence sans précédent de défis », a-t-il ajouté.
La baisse des financements menace les progrès
Ces dernières années ont été marquées par une érosion spectaculaire de l’aide publique au développement (APD) en matière de santé, les dirigeants africains avertissant que des programmes vitaux risquent de s’effondrer en l’absence de financement urgent et durable. Rien qu’entre 2021 et 2025, l’APD en faveur de la santé en Afrique a diminué d’environ 70 %, alors même que le creusement des inégalités, les conflits et les déplacements ont accru les besoins et la vulnérabilité des populations concernées.
S.E. le Président Cyril Ramaphosa a souligné l’impact de ces coupes budgétaires : « Des programmes essentiels d’élimination du paludisme ont été compromis. Par conséquent, des millions de personnes sont privées de soins et des décennies de progrès ont été érodées. »
Une reconstitution réussie des ressources du Fonds mondial est essentielle
Les dirigeants ont réitéré leur soutien à la 8e reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui vise à lever 18 milliards de $ US lors de sa conférence de novembre 2025. Créé en 2002, le Fonds mondial a joué un rôle essentiel dans les progrès réalisés contre ces trois maladies, sauvant plus de 70 millions de vies. Les dirigeants ont souligné l’importance cruciale de cette reconstitution, non seulement pour maintenir la dynamique enclenchée jusqu’à présent, mais également pour éviter que les progrès durement acquis ne soient annihilés face à la montée des menaces.
Le président d’ALMA a lancé un appel à la mobilisation concernant la prochaine reconstitution : « J’appelle tous les pays et tous les donateurs à investir résolument dans la reconstitution des ressources du Fonds mondial. Si nous unissons nos efforts, nous sauverons 23 millions de vies du paludisme, du sida et de la tuberculose, tout en renforçant nos systèmes de santé. »
Renforcer l’appropriation nationale, la mobilisation de ressources innovantes et la production locale
Tout en soulignant l’importance de la solidarité mondiale, les dirigeants africains ont souligné que l’appropriation et la redevabilité par les Africains doivent être au cœur de la réponse aux défis. S.E. William Ruto, Président de la République du Kenya, a ainsi déclaré : « L’avenir du financement de la santé en Afrique est entre nos mains. Il est encourageant de constater que le changement est déjà en cours sur tout le continent. »
Grâce à des initiatives telles que les Conseils et Fonds nationaux d’élimination du paludisme, les pays adoptent des approches de financement innovantes pour accroître les ressources consacrées à la lutte contre la maladie. 11 pays africains ont déjà mobilisé plus de 166 millions de dollars, illustrant ainsi le potentiel de la collaboration multisectorielle.
Parallèlement, les dirigeants africains ont recommandé des innovations éprouvées, appelant l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale à mettre en place un deuxième programme de renforcement de la lutte contre le paludisme. Le premier programme (phases I et II), mené entre 2005 et 2015, a permis d’investir des millions de dollars dans la lutte contre le paludisme, prévenant des millions de cas et sauvant des vies. Ce programme essentiel a contribué à « renforcer les systèmes de santé locaux, notamment les agents de santé communautaires, et à améliorer les systèmes de données et la surveillance », a déclaré S.E. Muhammed B.S. Jallow, vice-Président de la République de Gambie.
La récente reconstitution des ressources de l’IDA21 offre l’opportunité de mettre en œuvre un programme similaire pour relever les défis actuels. Le président d’ALMA, l’Avocat-Président Duma Gideon Boko, a déclaré : « ALMA appelle l’Association internationale de développement de la Banque mondiale à mettre en place un deuxième programme de renforcement de la lutte contre le paludisme. »
La Dr Sania Nishtar, PDG de GAVI, a plaidé en faveur d’une appropriation nationale : « Nous sommes convaincus que ce sont les pays, et non les institutions de santé mondiales, qui devraient être au cœur de la santé mondiale. » La Dr Nishtar a mis en avant l’Accélérateur de fabrication de vaccins en Afrique de GAVI, qui, selon elle, « promeut l’autonomie de l’Afrique en matière de fabrication de vaccins. » La PDG de GAVI a également indiqué que l’alliance autour du vaccin « met en œuvre le déploiement de vaccins le plus rapide des 25 ans d’histoire de la compagnie » avec l’introduction de vaccins antipaludéens dans 23 pays africains, les premières données montrant une baisse de 13 % de la mortalité infantile toutes causes confondues dans les zones couvertes par la vaccination.
La nécessité de partenariats public-privé pour un financement durable
Les dirigeants ont appelé à la création d’un Accélérateur de santé basé sur un partenariat public-privé afin de faire face à la baisse des financements traditionnels. Le Président-Avocat Duma Gideon Boko a encouragé ses homologues à « voir plus grand et à élargir notre champ d’action afin de mobiliser davantage de ressources pour répondre aux défis sanitaires cruciaux. »
Ce partenariat permettra de générer de nouveaux investissements et de progresser vers la couverture sanitaire universelle. L’accélérateur devrait s’appuyer sur des partenariats avec le secteur privé, les fondations philanthropiques, les grandes fortunes individuelles et la diaspora, tout en renforçant les engagements nationaux.
« Nous avons besoin d’un accélérateur de santé basé sur les partenariats public-privé qui permettra à l’ensemble de la société de progresser vers les ODD grâce à des investissements durables de grande valeur », a déclaré le président d’ALMA.
Cet appel aux partenariats public-privé a été approuvé par d’autres dirigeants, le vice-Président de la République de Gambie déclarant que ces partenariats « peuvent nous aider à fournir un financement durable à ce moment critique et mener notre continent vers la prospérité. »
La grande impulsion contre le paludisme
Il y a quelques mois, le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC Afrique) a dévoilé une stratégie audacieuse visant à réimaginer en profondeur le financement de la santé sur le continent, dans un contexte financier mondial instable et en constante évolution. Cette dynamique a été amplifiée à Abuja par le lancement de la « Grande impulsion » pour en finir avec le paludisme début septembre, plaçant l’élimination du paludisme au cœur du programme de santé et de développement de l’Afrique. Forts de ce constat, les dirigeants africains réunis à l’Assemblée générale des Nations Unies ont appelé à un changement de paradigme en matière d’investissements afin de soutenir la lutte contre le paludisme et les défis sanitaires plus vastes que connaît le continent.
Face aux crises qui se chevauchent, cet événement conjoint a témoigné d’une détermination renouvelée pour agir de manière urgente, innovante et concertée. S.E. le Dr Jean Kaseya, directeur général du CDC Afrique, a exhorté les dirigeants à continuer de transformer ces crises en opportunités afin de « commencer à obtenir des financements durables, à construire notre propre système de données qui soit la propriété du continent, à fabriquer nos propres vaccins et médicaments, et à mettre en place un système de surveillance solide. L’Afrique est désormais à la pointe du progrès mondial. »
Alors que les pays africains s’orientent vers une plus grande appropriation de leurs systèmes de santé et de leurs programmes de développement, Professeure Senait Fisseha, défenseure des droits en matière de santé sexuelle et reproductive, a encouragé les dirigeants à « veiller à ce que ces droits reflètent nos valeurs, nos convictions, ce que nous croyons être juste et nécessaire pour nos populations » afin de « créer un continent où chaque femme, chaque fille et chaque enfant puisse s’épanouir pleinement ».
« Ensemble, saisissons cette occasion. Prouvons que des systèmes de santé résilients sont la pierre angulaire de la dignité, de la sécurité et de la prospérité », a déclaré S.E. le Président William Ruto de la République du Kenya en conclusion de son discours, faisant écho aux propos du président d’ALMA, le Président-Avocat Duma Gideon Boko, qui a déclaré : « Nous pouvons faire de l’élimination du paludisme une réalité. Nous pouvons offrir un avenir sain aux femmes, aux bébés, aux enfants et aux adolescents. Il est temps d’agir. »
Distribué par APO Group pour African Leaders Malaria Alliance (ALMA).