À Kikwit, dans la province du Kwilu au sud-ouest de la République démocratique du Congo, le marché de « basse ville » est en pleine effervescence ce matin. Le soleil, au zénith ne semble perturbé personne. Dans un ballet incessant et bruyant, motocyclettes, tricycles, camions de marchandises, et de vendeurs à la criée s’entremêlent, signes du dynamisme de l’activité économique dans cette ville située à plus de 600 kilomètres de la capitale.
Au loin, on aperçoit déjà, des hommes qui s’activent à charger d’énormes fûts en plastique bleu dans de gros camions alignés en file indienne au bord du marché. Destination finale : Kinshasa, via la Route nationale No1 ou RN1.
Modeste Mafangala, transporteur routier, ne cache pas sa satisfaction face à un récent changement majeur dans son quotidien : la réfection du tronçon Kinshasa–N’Djili–Batshamba de la RN1.
« Avant, c’était très difficile de partir d’ici jusqu’à Kinshasa. On pouvait passer une à deux semaines sur la route. Mais maintenant, la route est bonne. Les marchandises qu’on charge aujourd’hui arriveront à destination le lendemain, que ce soit par bus, camion ou à moto », confie-t-il, visiblement soulagé.
Le Projet de réhabilitation de la Route nationale n°1, sur le tronçon Kinshasa-N’Djili – Batshamba long de 622 kilomètres, a été financé à hauteur de 70,2 millions de dollars américains par le Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement. Le projet répond à l’enjeu majeur du désenclavement des zones rurales. Longtemps isolées en raison de la dégradation des routes, les provinces du Kwango et du Kwilu bénéficient désormais d’une meilleure connectivité avec la capitale et entre elles.
Cette amélioration facilite considérablement les échanges interprovinciaux et crée une dynamique d’intégration économique régionale. L’impact est particulièrement visible sur les conditions de transport. Le trajet entre Kinshasa, Kenge, Kikwit et Batshamba, se fait désormais en six heures à peine.
« À l’époque, les transporteurs faisaient des jours et des jours pour atteindre Kikwit ou Tshikapa. Mais aujourd’hui, ils y sont en moins de temps et font des économies sur le carburant et même sur les pièces de rechange, car avec tous les nids-de-poule sur la route, les véhicules subissaient d’importants dégâts. On peut dire que les transporteurs y trouvent maintenant leur compte », explique Jean Luemba, coordonnateur de la cellule d’exécution du projet à Kinshasa.
Mais les retombées du projet vont bien au-delà de la simple remise en état de la route. Une approche intégrée du développement a permis de multiplier les impacts positifs pour les populations de la zone d’intervention du projet. Des écoles bénéficient désormais d’un accès à l’eau potable, des centres de santé ont été construits, des marchés ruraux réhabilités, des pistes agricoles aménagées, et plusieurs villages ont été équipés de forages.
À l’Institut Don Bosco de Kenge, par exemple, le projet a changé le quotidien des élèves. Un forage d’eau potable avec borne fontaine a été installé dans la cour de l’établissement. Désormais, les élèves peuvent profiter sereinement de leur pause, car trouver de l’eau à boire n’est plus un souci.
Espérance Anga, élève en classe de 4e mécanique générale, rencontrée près de la fontaine, témoigne : « C’est une très bonne chose pour nous. Avant, on avait du mal à avoir de l’eau potable pendant les pauses. On achetait de l’eau en sachet à la cantine. Maintenant, grâce au forage, c’est beaucoup plus facile. »
Le projet de réhabilitation de la RN1 constitue un chantier d’infrastructure important, susceptible d’avoir des effets positifs sur le développement socio-économique en République démocratique du Congo. En reliant Kinshasa aux provinces du Kwango et du Kwilu, cette route facilite les déplacements et les échanges, avec des répercussions sur la vie quotidienne des communautés et l’activité économique.
« Aujourd’hui, les habitants le long de la route peuvent mieux valoriser leur production quotidienne. Ils vendent plus facilement, car les véhicules accèdent désormais directement à leurs villages. Une mère de famille, par exemple, n’a plus besoin de se rendre jusqu’à Kinshasa ou au marché pour écouler un sac de manioc ou de charbon : elle peut le vendre devant sa maison. C’est un véritable changement dans leur quotidien. », a constaté Jean Luemba.
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